Paris demain…

Synthèse

Réunion publique organisée par l’association Tam-Tam, avec le soutien d’Île-de-France environnement, samedi 20 octobre 2012 au Conseil régional d’Île-de-France

DE PARIS RIVE GAUCHE AU GRAND PARIS,
FORUM POUR LA CONCERTATION URBAINE

PREMIÈRE SÉQUENCE / PARIS RIVE GAUCHE
ET CŒTERA… LA CONCERTATION POURQUOI, COMMENT ?


• Action, proposition, négociation : une dialectique de la concertation
Fabrice Piault, président de l’association Tam-Tam


« C’est en créant un rapport de force que nous avons pu en venir progressivement au dialogue et à l’idée même d’une possible concertation. Il n’y a pratiquement rien que nous ayons obtenu sans un rapport de force préalable. À ses débuts, Tam-Tam était un micro centre d’initiatives, qui s’est transformé au fil des ans en une véritable association. Acte avait été pris que, de toute façon, l’avis des habitants n’était pas pris en compte et qu’essayer de discuter avec les aménageurs ou élus était une perte de temps. D’où la nécessité de se faire connaître par un autre biais. Nous avons fait ce qu’on appelait à une époque de « l’agit prop », du ludique, un peu à l’image d’Act-Up ou de SOS Racisme à leurs commencements, toutes proportions gardées. Ainsi l’action associative « le Ruban », qui a rassemblé 4000 personnes en 1996 le long des quais de Seine. Les actions, notamment juridiques, permettaient de ralentir les chantiers, ce qui était préoccupant pour les aménageurs.
L’ « outil » concertation subsiste, même quand la réflexion et les échanges n’avancent pas. Quand le climat ou la volonté politiques redeviennent plus propices, il est là et utile : on n’a pas besoin de tout reprendre à zéro. À Tam-Tam, en quinze ans de Comité permanent de concertation, nous avons a été confrontés à des changements de majorité politique, de personnes, créant des crispations, ou à des campagnes électorales pendant lesquelles rien ne se passait. Mais, pendant ce temps, le Comité permanent de concertation garantissait un minimum d’échanges d’informations, en attendant des jours meilleurs.
Les élus passent, les fonctionnaires restent. Lors de la création du Comité permanent de concertation, sur la base de la Charte de la concertation de 1996, tout à fait fondamentale, nous pensions que les difficultés viendraient des fonctionnaires, des architectes et des ingénieurs et non des élus, qui avaient a priori intérêt à l’établissement d’un dialogue constructif avec les citoyens. À quelques rares exceptions, c’est le contraire qui s’est passé : du côté des experts et des fonctionnaires de la Ville, nous avons pu sentir un réel intérêt pour le regard spécifique que les associations pouvaient apporter, alors que les élus étaient dans une logique de concurrence et de tension. D’où l’intérêt d’une concertation permanente.
À Tam-Tam, nous n’avons jamais considéré que nous portions à nous seuls un contre-projet global, nous voulions apporter notre contribution à l’aménagement par la critique et par la défense de grands axes d’orientation alternatifs. Nous avons pour cela organisé des « Forums pour repenser Paris rive gauche » en 1997 et en 1999 pour faire avancer nos propositions. La vision politique sur un projet est ce qui manque de plus en plus souvent aux élus. Aux associations d’apporter ce qui manque.
C’est à partir d’une intervention sur les cahiers des charges eux-mêmes que peut s’engager une réelle concertation, conçue comme un travail en commun entre les différents partenaires, car c’est là que concrètement les choix sont faits pour les habitants.
Les vrais gens ». Anne Hidalgo, notamment à travers l’organisation de réunions publiques, oppose les « vrais gens » aux associations, jugées moins importantes ou moins représentatives. On retrouve cette approche dans l’aménagement du Grand Paris, très autoritaire. Il y a un processus important et médiatisé, mais qui tourne à vide, car on ne tient pas plus compte de l’avis des habitants rassemblés dans ces réunions que de celui des associations. Alors, quid de tout cet argent public dépensé ? »

• Les Halles : espoirs et déceptions
Élisabeth Bourguinat, secrétaire de l’association Accomplir


« Après la destruction des Pavillons Baltard, qui avaient été une grande souffrance à l’époque, nous nous étions dit : plus jamais ça. Ils avaient été démolis par surprise pendant l’été, ce qui avait été encore plus dur. Aussi avait-on l’espoir en 2002 de ne pas voir se reproduire la même chose, mais de pouvoir amener de la qualité sur le fond du projet et ainsi faire œuvre d’intelligence collective, pour un projet qui serait le fruit d’un consensus obtenu sans violence.
On a détruit les Pavillons qui étaient utiles pour un toit qui ne sert à rien. La canopée laisse passer la pluie et abritera surtout en fait les courants d’air. Son coût est passé de 120 à 216 millions d’euros. 340 arbres arrivés à maturité ont été abattus.
Entre « cause toujours » et «  ferme ta gueule », finalement c’est la première option qui est la plus violente. Certes, il y a eu concertation, mais celle-ci n’a pas porté ses fruits. C’est très dur, surtout quand on a passé beaucoup de temps aux réunions. Les arbres du jardin ont été abattus dans le même esprit que les Pavillons. La principale chose positive est le principe d’une conservation d’un espace vert aux Halles, car trois projets sur quatre prévoyaient de le détruire. Le résultat est très décevant, mais tout n’est pas fini, on peut encore essayer de le faire modifier.
L’urbanisme avant l’architecture et pas le contraire. Pour qu’une concertation puisse trouver sa place, il faut que le projet soit organisé dans le temps, et avant les choix architecturaux, ce qui éviterait toutes sortes de justifications farfelues. Ainsi alors que le quartier qui manque d’espaces verts appelait davantage un jardin en fragments, on s’est retrouvé avec une conception de jardin unitaire et monumental.
Le moment fort de la concertation, c’est l’élaboration du cahier des charges. Mais il faut aussi des élus forts, ayant une vision, pour une concertation réussie. Pendant des mois la concertation des Halles s’est fondée sur un mensonge : l’architecte avait eu carte blanche, et il savait que toute façon il ferait ce qu’il voudrait. La Ville s’est retrouvée en faiblesse opérationnelle par rapport au promoteur Unibail. Elle s’est dessaisie de ce terrain emblématique pour Paris.
Nous nous sommes promis de rester jusqu’à deux ans après l’achèvement du projet pour maintenir la pression et le débat dans les médias. »

• Les apports de la Charte de la concertation de 1996
Fabrice Piault , président de l’association Tam-Tam

« La concertation est aujourd’hui un mot valise dans lequel on met n’importe quoi. Or, comme la définit parfaitement la Charte de la concertation rédigée par le ministère de l’Environnement (Corinne Lepage) en 1996, la concertation a pour objectif d’améliorer la qualité des projets, voire de faire émerger, le cas échant de nouvelles propositions. Elle implique pour les aménageurs un travail d’information préalable qui suscite l’émergence d’interlocuteurs pour discuter les projets, y compris des opposants. Les élus sont toujours pour qu’il y ait des gens en face, mais ensuite ils cherchent à les cadrer, voire à les digérer. Beaucoup d’associations s’installent dans le ronronnement du fonctionnement de la concertation sans chercher à renouveler des propositions, et à les valider par leur relation dynamique avec la population.
La concertation fait gagner du temps et de l’argent. Certes, il y a des investissements au départ, mais ils permettent ensuite de faire des économies. Quand on voit le coût exorbitant des études réalisées en pure perte pour l’implantation du Tribunal de grande instance à Paris rive gauche, dans un secteur d’emblée inadapté, on voit bien que l’aménagement autoritaire n’est pas financièrement concurrentiel face à l’aménagement concerté.
La Charte de la Concertation de 1996 n’a certes pas de valeur juridique en elle-même, mais c’est aux associations de s’en saisir, de la populariser et de la faire appliquer. Il ne faut pas intérioriser une espèce de complexe au motif que le texte n’a pas reçu d’aval au-delà d’un ministère. »

• Débat

Agnès Popelin (Île-de-France Environnement) :
« Contrairement souvent à nous, les élus eux sont organisés et dévoient toute concertation en organisant des grandes messes entre les « sachants », les architectes, et les « troubleurs ». Pour la Tour Triangle, il n’y a pas de concertation, mais un « débat », des « enquêtes ». La concertation : ce nouveau mot de la langue française qui peut devenir un « gros mot » pour la classe politique… »

Fabrice Piault :
« Aujourd’hui Anne Hidalgo veut faire de la communication, pas de la concertation. »

Elisabeth Bourguinat :
« Nous avons prévenu Anne Hidalgo et Bertrand Delanoë que nous ferions tout pour que le projet des Halles devienne l’exemple à ne pas suivre. »

Jacques Manesse (Plateau de Saclay) :
« Les limites de l’exercice de la concertation tiennent aussi au flou de la définition du mot. La concertation ce n’est pas de la co-décision, il faut se mettre ça dans la tête »

Yves Contassot, conseiller de Paris :
« Les conflits reposent aussi sur la nature du sentiment de légitimité. Les élus pensent : on a été élus, on est les seuls légitimes pour décider. À Paris, la vraie rupture est venue après le vote du premier PLU. Sous la pression de Bertrand Delanoë, nous avons été obligés de céder sur les tours. Depuis, il se méfie de l’expression citoyenne au sens large. De plus, nous-mêmes élus découvrons très tard les projets, parfois très peu de temps avant le passage en Conseil de Paris. Là, le problème réside entre la répartition des pouvoirs entre le législatif et l’exécutif.
On assiste à une privatisation de l’espace urbain à Paris. Les Halles en sont l’exemple parfait. De la même façon, Unibail impose la tour Triangle à la Porte de Versailles. Il y a une espèce de fascination devant l’argent privé, avec comme argument massue que cela ne coûtera pas un sou au contribuable. »

Elisabeth Bourguinat :
« La question cruciale est : quand commence la concertation ? La construction de la Grande Bibliothèque est l’exemple de cette absurdité qui consiste à ne pas prendre en compte l’avis des personnes qui vont y travailler et qui sont donc les premières concernées. »


DEUXIÈME SÉQUENCE / POUR UN GRAND PARIS RÉELLEMENT CONCERTÉ


• Table-ronde : travailler en commun pour améliorer les projets et optimiser leur économie


Jacqueline Lorthiois (collectif pour le Triangle de Gonesse)
« L’argument massue : l’emploi. Que valent les terres agricoles face à la perspective de créer des emplois ? Or les chiffres annoncés sont faux et les perspectives délirantes, mais tout le monde y croit. L’arme de combat : constituer un pôle de compétences et de ressources, etc., et c’est un travail énorme. »

Harm Smit
Coordinateur du collectif COLOS (Plateau de Saclay)

« Il n’y a plus de concertation, mais des « échanges d’informations ».  Ce grand Plateau tout près de Paris a toujours été tentant pour les aménageurs. Sous Juppé, un OIN avec une mission de préfiguration avait été constitué, avec un garant, etc. Le changement de gouvernement et l’arrivée de Christian Blanc en 2008 ont représenté une grosse rupture. La mission précédente a été remerciée et un EPPS, établissement public, a été créé. Les associations sont représentées au Comité consultatif ; c’est là qu’on peut avoir un peu voix au chapitre. Mais malheureusement, avec son responsable, il n’y a plus de concertation, mais des « échanges d’informations », des rencontres tous les 3-4 mois, c’est très limité. On a quand même réussi à faire inscrire la sauvegarde de plusieurs milliers d’hectares de terres agricoles dans le cadre du Grand Paris. »

Cécile Blatrix
Professeure de science politique à AgroParisTech/CESSP

« Les conflits passés sur les projets aménagement ont amené aujourd'hui l'État à développer pour toutes les concessions de service public un impératif de concertation, mais il reste peu employé et il est contourné. Les outils politiques et citoyens de concertation sont présents et encadrés par les institutions du débat public, mais l'usage reste limité et modeste du fait de la réticence des pouvoirs publics et des aménageurs à la saisine de ces instances. Les citoyens ou les associations n'ont pas de droit de saisine. De ce fait leur mise en place demeure souvent tardive et donc détournée en simple information (voire outil de communication) une fois que les projets sont bouclés, alors que, comme l'a rappelé Fabrice Piault, l'action déterminante ne peut se faire qu'en amont, lors de la rédaction des cahiers des charges.
Ne pas oublier qu’il existe une Commission nationale du débat public, mise en place lors de l’aménagement de la ligne TGV Mediterranée, et la Charte de l’environnement qui date de 2005 et a une valeur constitutionnelle. Cette charte, et notamment son article 7, rend les consultations et l'information des citoyens impactés obligatoire pour les projets ayant trait à l'environnement. La combinaison de cette obligation, qui a caractère constitutionnel, et du nouvel outil de la QPC pour forcer le déclenchement de la démarche, ouvre des perspectives nouvelles propres à dépasser la problématique du détournement de la vocation de la concertation (cf. saisine tardive ci-dessus). »

Jean-François Pellissier
Conseiller Régional d’Île-de-France

« L'une des leçons majeures de l'action de l'association Tam-Tam a été qu'au-delà du rapport de force frontal, il fallait comprendre et tenter d'influencer le jeu des acteurs qui emportent les décisions dans les instances d'aménagement. On retrouve d'autres jeux d'acteurs dans les choix d'orientation du Grand Paris. Le projet Grand Paris Express résulte par exemple d'un compromis, en cote mal taillée, entre l'exécutif de la région et la volonté du précédent président de la République. Ce compromis sans vision et l'influence qu'il a prise sur le Schéma directeur montre que l’addition des intérêts individuels des collectivités ne fait pas un projet cohérent. Le schéma directeur pour l’aménagement de l’Île-de-France (Sdrif) dans le cadre du Grand Paris est un gros cafouillage de concertation car il n’y a pas de diagnostic partagé. Il est censé répondre à de nombreux défis comme le plan climat ou l’équilibre des territoires, sauf qu’il est principalement structuré par le projet des transports. En plus, on part de considérants qui sont faux.
Aujourd’hui concrètement ce qui se passe : des promoteurs privés préparent de grands projets et les « vendent » aux élus en leur faisant croire que ce sera excellent pour tour le monde. Il faut qu’il y ait des ateliers citoyens et des conférences citoyennes pour tous ces projets. »

• Débat

Bernard Loup (Val-d’Oise environnement) :
« On constate aujourd'hui qu'un outil de contournement du débat est le Contrat de développement territorial (CDT). Ce contrat s'impose ensuite lors des révisions de PLU et des autres règlements locaux, au point qu'on est en droit de douter de la constitutionnalité de ce fonctionnement par Contrat de développement territorial. »

Cécile Blatrix :
« Pas d'avis d'expert sur le CDT, mais cela mérite d'être étudié. Une tendance parallèle qui conduit au contournement de la recherche du bien commun dans l'aménagement du territoire est le recours aux appels à projets. La mise en concurrence des territoires qui en résulte conduit au contraire de la coopération sur des infrastructures partagées. Elle incite, au mieux, à l'arbitraire des choix ; au pire, au gaspillage. »

Jacqueline Lorthiois :
« Quatre CDT impactent la zone du triangle de Gonesse (Roissy/Sarcelles/Sevran/Le Bourget). La concurrence entre eux les conduit à proposer de trop nombreux centres commerciaux et cinq pôles d'affaires. »

Jacques Manesse (Plateau de Saclay) :
« Le CDT dispose aujourd'hui en effet d'un pouvoir exorbitant. Il s'impose au PLU et même au Sdrif. Cependant une révision législative est d'ores et déjà en cours pour retrouver une hiérarchie logique des textes. En attendant, ils n'imposent aucune obligation de concertation, mais se limitent à l'enquête publique. »

Claire Monod, conseillère régionale d’Île-de-France :
« Il est difficile de concilier le temps long de l'aménagement du territoire avec le temps court du mandat électif. Ce constat pose la question de la gouvernance de la métropole Paris. La complexité du dispositif actuel (région, conseil de Paris, mairies et communauté de communes, Etat) impose une réflexion sur la réforme des institutions d'Île-de-France. C'est une urgence et nous ne sommes qu'au début de cette réflexion.

Par ailleurs le pilotage de ces projets par la recherche du bien public achoppe sur un écueil supplémentaire par l'illusion et le jeu de dupes que créent les PPP ou les autres "autofinancements". La puissance publique abandonne son devoir de pilotage au bénéfice d'un captieux "ça ne me coute rien" encore sur les lèvres du maire de Paris. »

Patrice Maire (association Monts 14) :
Il faut imposer un recensement des lieux de patrimoine pour pouvoir mobiliser sur ces lieux.

Un membre d’Île-de-France Environnement
« Les associations et les acteurs de terrain garde un obligation de parole, même dans l'adversité. »

Jacques (Nanterre) :
« À Nanterre, il y a une amélioration du contexte institutionnel pour la participation citoyenne locale. La Ville a mis en place, avant le déploiement national, des conseil de quartier en 1977, puis des commissions extramunicipales. Il faut utiliser et dynamiser ces structures. »

Elisabeth Bourguinat :
« Axe d'amélioration  : Établir une évaluation des projets qui permette de voir si ceux qui ont été concertés marchent mieux ou pas ».

Cécile Blatrix :
« Il faut continuer à être vigilant, préserver une dimension de contestation. Est-ce que le bilan est si négatif en terme de concertation pour les associations ? N’est-ce pas particulier à l’Île-de-France ? Il est essentiel, pour gagner en efficacité en face de pouvoirs qui ont appris à contourner certaines obligations de concertation, et pour faire face à la complexité de la tâche, d'une forme de professionnalisation d'un support à la coordination associative. Imposer pour des projets d'une certaine ampleur la mise à disposition des coordinations d'un chargé de mission à la concertation comme c'est le cas sur Paris Rives Gauche, peut faire partie de la solution. »


CONCLUSION

• Pour des processus de concertation ouverts et transparents, intégrés aux circuits de décision
Marc Ambroise-Rendu, président honoraire d’Île-de-France environnement


« Non au “tout est foutu ”. Tout commence. Nous avons tous ici l’expérience de la concertation et de la non-concertation absolue. Mais, notamment dans le cadre du Grand Paris, nous sommes tous concernés par des actions locales à conduire par la concertation. Officiellement pour le Grand Paris la concertation est terminée, mais il y a encore l’enquête publique où on peut intervenir. Il faut aussi profiter des prochaines élections municipales pour faire avancer les choses. Il faut agir d’abord auprès des responsables des partis politiques et des ministres.
Les associations ont un rôle immense à jouer dans ce cadre qui est celui de la démocratie participative. Si on laisse faire, on laisse faire les forces anti démocratiques. Utilisons les outils que sont par exemple la clause du Code de l’urbanisme qui prévoit un droit de regard des associations, agréées ou non, pour tout projet. N’oublions pas qu’à Paris Rive Gauche la concertation a été possible parce que les commissaires enquêteurs ont émis une réserve sur le projet. De même, on doit pouvoir améliorer la Commission nationale du débat public. La réflexion sur la concertation rejoint celle sur la Constitution et les institutions, et sur nous, les associations.
La concertation, quelle qu’elle soit, est toujours décevante, et décevante pour tout le monde. Elle résulte d’un compromis entre des pouvoirs et de la lutte du pot de fer contre le pot de terre. Aussi : comment bouleverser l’équilibre de ces pouvoirs ? Un quartier ne se dessine pas sur une planche à dessin, il se crée suite à un rapport de force et à l’examen des forces en présence.
Pour que cela fonctionne, il faut que les élus soient obligés de passer par des structures de concertation, et qu’en face il y ait des gens capables de s’en emparer. L’Île-de-France est un immense bordel qui fonctionne. Il y a 1200 maires qui mènent leurs actions dans leur coin. Il y aurait intérêt à la constitution d’un guichet unique pour nous, les associations. À Paris rive gauche, il faut discuter avec des “barons” comme le Port autonome, la SNCF… un système féodal !
Un Comité permanent de concertation devrait être obligatoire pour toute opération dépassant 300 millions d’euros. Le CPC de Paris rive gauche peut servir de modèle.
Côté associations, il faudrait calquer le rythme de fonctionnement et de création sur celui des promoteurs, en ramenant de trois à un an les conditions d’agrément. Enfin, pour reprendre ce que disait Élisabeth Bourguinat, il faudrait obliger à une évaluation des projets une fois ceux-ci terminés.
Et jouer un rôle dans l’intercommunalité : elle fait le Grand Paris aujourd’hui. »


Le Forum pour une concertation urbaine était dédié à la mémoire de Rémi Koltirine (1958-2012), ancien commissaire enquêteur à Paris rive gauche, administrateur de SOS Paris et secrétaire général adjoint d’Île-de-France environnement.

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Évènement du 20 octobre 2012

À l’initiative de l’association Tam-Tam,
avec le soutien d’Île-de-France environnement (IDFE)

DE PARIS RIVE GAUCHE AU GRAND PARIS,
FORUM POUR LA CONCERTATION URBAINE

Samedi 20 octobre 2012, de 13h45 à 18h
Conseil régional d’Île-de-France
57, rue de Babylone, Paris 7e


Entrée libre (inscriptions avec coordonnées à l’adresse association.tamtam@laposte.net)

À dix-huit mois des élections municipales, et alors que les chantiers envisagés dans le cadre du projet « Grand Paris » suscitent des interrogations et l’attente d’une concertation véritable dans toute la région Île-de-France, le Forum pour la concertation urbaine vise, sur la base d’une confrontation des expériences et d’une réflexion commune, un  double objectif :

  • réaliser un bilan-évaluation du principal dispositif de concertation établi à Paris, depuis 1997 dans le cadre du chantier Paris rive gauche, et d’autres telle celui des Halles,

  • promouvoir, dans la perspective des multiples opérations qui vont caractériser le chantier du « Grand Paris », la mise en œuvre des orientations de la Charte de la concertation édictée en 1996 par le ministère de l’Environnement, qui codifie de la manière la plus constructive la concertation indispensable dans les opérations urbaines d’envergure.

Le Forum veut rassembler les militants associatifs et les citoyens qui s’engagent dans les débats, controverses et initiatives qui accompagnent les grands chantiers parisiens et franciliens, et tous ceux qui souhaitent que le « Grand Paris » ne se fasse pas sur le dos des habitants mais en plaçant leur participation active au cœur même du projet. Il est ainsi ouvert aux élus, aménageurs, architectes, chercheurs et experts.

LE PROGRAMME (téléchargeable ici...)


13h45
Accueil des participants et ouverture

14h
Première séquence : Paris rive gauche et cætera… La concertation pourquoi, comment ?
14h • Action, proposition, négociation : une dialectique de la concertation
Fabrice Piault, président de l’association Tam-Tam
14h25 • Les Halles : espoirs et déceptions
Élisabeth Bourguinat, secrétaire de l’association Accomplir
14h40 • Les apports de la Charte de la concertation de 1996 
14h50 • Questions et débat

15h55
Deuxième séquence :
Pour un Grand Paris réellement concerté
16h • Table-ronde : Travailler en commun pour améliorer les projets et optimiser leur économie

Avec notamment Cécile Blatrix, professeure de science politique, AgroParisTech/CESSP ; Jacqueline Lorthiois, collectif pour le Triangle de Gonesse ; Jean-François Pellissier, conseiller régional d’Île-de-France ; Harm Smit, coordinateur du collectif COLOS (Plateau de Saclay).
17h • Débat

17h45
Conclusion
Pour des processus de concertation ouverts et transparents, intégrés aux circuits de décision politique.

Marc Ambroise-Rendu, président honoraire d’Île-de-France environnement.

Le Forum pour une concertation urbaine est dédié à a mémoire de Remi Koltirine (1958-2012), ancien commissaire enquêteur à Paris rive gauche, administrateur de SOS Paris et secrétaire général adjoint d’Île-de-France environnement.

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31 mai 2011

Manifeste des 8 associations organisatrices du
« Grand Prix de la Casserole parisienne »

PARIS N’EST PAS À VENDRE !


Lors de la mandature 2001-2008, de nombreux acteurs venant de l’administration, des associations, des groupes politiques du Conseil de Paris, des conseils de quartier et même de simples citoyens se sont longuement concertés pour participer à la rédaction d’un Plan local d’urbanisme : le PLU de Paris.

Le document finalement voté en 2005 ne répondait pas en totalité aux demandes qui s’étaient exprimées mais un certain nombre de thèmes importants, notamment exprimés par les associations, avaient été pris en compte :

  • le maintien du plafond des hauteurs,
  • une protection renforcée du patrimoine,
  • des mesures en faveur du maintien des commerces de proximité,
  • la protection accrue des espaces verts.

La majorité sortante ayant été reconduite pour un second mandat (2008-2014), les Parisiens  s’attendaient à ce qu’elle ce qu’elle mette en œuvre les avancées inscrites dans le nouveau PLU. Surprise suivie de déception : c’est le contraire qui s’est produit, comme si le plan voté en 2005 était devenu caduc.

Aujourd’hui, à mi-parcours de cette deuxième mandature, les Parisiens assistent :
  • au déplafonnement des hauteurs pour répondre aux demandes de promoteurs privés ou publics (Samaritaine, Batignolles, Masséna, Bercy),
  • à l’abandon d’espaces verts et d’espaces sportifs de proximité au profit d’intérêts privés (Roland Garros, Les Halles, Jean Bouin, Fondation LVMH),
  • à la cession de terrains et de concessions bradés à la spéculation immobilière (tour Triangle, Forum des Halles, Roland-Garros) ou à l’abandon aux investisseurs privés d’un patrimoine déclaré « d’intérêt général » par le Conseil de Paris (Grand Écran Italie),
  • à l’échec des efforts des associations pour dialoguer sur les nouveaux projets d’aménagement. Conséquence : le recours au contentieux pour se faire entendre.

Semblant céder à la pression des promoteurs, le maire de Paris souhaite à nouveau modifier le PLU. Cette situation est dommageable pour tout le monde : Paris, les Parisiens, les élus, l’administration, les entreprises, à l’exception de certains groupes privés.

C’est pourquoi les citoyens soussignés lancent un appel au maire de Paris :
« Paris n’est pas à vendre ! Reprenons le dialogue pour éviter les dérives auxquelles nous assistons. »


Concrètement, nous demandons au maire de Paris :

  • de ne pas céder aux pressions des lobbies, qu’ils soient privés ou sportifs,
  • d’établir un moratoire sur les modifications et révisions en cours du PLU,
  • de mettre en place une véritable concertation et un débat sur l’application des nouvelles règles d’urbanisme, qui vont faire prochainement l’objet de décrets dans le cadre du Grenelle de l’environnement et entraîner la réforme du code de l’urbanisme.

ASSOCIATIONS SIGNATAIRES : Accomplir, Tam-Tam, Comité de Défense du Sport de Proximité, SOS Paris, Sauvons le Grand Ecran, Coordination pour la Sauvegarde du Bois de Boulogne et de ses abords, Monts 14, Comité de soutien des serres d’Auteuil.


Contact : Agnès Popelin – 06 79 68 41 90
casseroleparisienne@gmail.com.
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mai 2011
Concertation : venez voter pour le Grand prix de la Casserole parisienne



URBANISME ET AMÉNAGEMENT

En 2001, Bertrand Delanoë, candidat à la mairie de Paris, promettait "éthique" et transparence totale" durant sa mandature.
En 2008, pour son second et dernier mandat, le maire de Paris proposait "un rendez-vous de vérité" aux parisiens, annonçait le temps du dialogue et de la concertation, et soutenait la création de comités permanents de concertation pour les grandes opérations d’urbanisme.
Dix ans se sont écoulés et l’heure du bilan a sonné: l’équipe municipale est devenue championne du monologue, les voies de concertation mises en places se sont peu à peu vidées de leur contenu.


Pour rappeler ses engagements à l’équipe municipale les associations parisiennes organisent
sous l’égide de Marc Ambroise-Rendu
ancien président d’Ile de France Environnement

LE GRAND PRIX
DE LA CASSEROLE PARISIENNE




Mardi 31 Mai à 18h30
Salle Jean Dame
17, rue Léopold Bellan - 75002 Paris

8 projets présentés par des associations sont en compétition :

  1. La rénovation des Halles : une mauvaise affaire pour les Parisiens (par Gilles Pourbaix - Accomplir)
  2. Le quartier de tours Masséna-Bruneseau (par Fabrice Piault - Association Tam-Tam)
  3. Le Stade Jean Bouin et la mort du sport scolaire et associatif dans le XVIe arr. (par Bertrand Biette - Comité de Défense du Sport de Proximité)
  4. La ″Samar hautaine" (par Rémi Koltirine - SOS Paris)
  5. La transformation du Grand Ecran Italie en magasins (par Marie-Brigitte Andréi - Sauvons le Grand Ecran)
  6. Le bétonnage du Bois de Boulogne par LVMH (par Marc Servel - Coordination pour la sauvegarde du Bois de Boulogne et de ses Abords)
  7. La Tour Triangle à la Porte de Versailles ou la démesure urbaine (par Patrice Maire - Monts 14)
  8. Roland Garros : le massacre du Jardin Botanique des Serres d’Auteuil (par Jean-Louis Tissier - Comité de soutien des serres d’Auteuil)


Venez voter pour désigner le symbole de l’échec de la démocratie participative à paris
Clôture de la soirée par la remise du prix de
L’Espoir de la Concertation
(appel à candidature non clos)

Contact Presse: Agnès Popelin – 06 79 68 41 90 – casseroleparisienne@gmail.com

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mars 2010
Concertation à Paris, un temps de retard



"Paris, un temps d’avance"
 : c’était le slogan de campagne de Bertrand Delanoë sollicitant les suffrages des Parisiens en 2008. Pour rallier les associations de défense de l’environnement, il leur promettait monts et merveilles en matière de concertation.

Trois ans plus tard, les associations ne sont pas déçues : elles sont en colère. Dans toutes les grandes opérations d’aménagement qui conditionnent l’avenir des Parisiens, la concertation est soit tombée en panne lorsqu’elle existait, soit demeurée au stade des promesses électorales.

Les associations retournent donc le slogan et disent :
"Concertation à Paris, un temps de retard".


Pour présenter le dossier complet et argumenté de cet échec de la démocratie participative à Paris et réclamer que l'équipe municipale respecte ses engagements de 2008, les associations organisent une réunion d’information :

Jeudi 11 Mars à 18h30
Centre culturel Cerise • 46, rue Montorgueil 75002
Métro Sentier • Étienne Marcel • Les Halles


Vous y êtes cordialement invité
Un document  exposant les raisons du mécontentement associatif vous sera remis.



Associations invitantes :
Plateforme des associations parisiennes d’habitants – cpav@cpav.org
Accomplir (Les Halles, La Samaritaine) – www.accomplir.asso.fr
Association  Eco-ZAC des Batignolles (Clichy-Batignolles) – www.ecozacbatignolles.org
Association ACTEVI (Tour Triangle) – http://touchepasamonciel.unblog.fr
Paris Banlieue Environnement (Paris Nord-Est) – http://assospbe.free.fr
XVIe DEMAIN (équipements sportifs du 16ème)
Coordination pour la Sauvegarde du Bois de Boulogne

Tam-Tam (Paris Rive gauche, Bercy-Charenton) – www.associationtamtam.fr.

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décembre 2008
“Halte à la TOURMANIA !”

Comment effacer les frontières entre Paris et sa banlieue en créant entre elles des liens urbains et sociaux de qualité? Des tours. Comment redynamiser la capitale ? Des tours. Comment répondre aux besoins de logements des Parisiens ? Des tours… De Masséna à Montmartre, des Batignolles à Vaugirard et à Bercy-Charenton, face aux défis urbains et sociaux auxquels la capitale doit faire face, la mairie de Paris n’a désormais plus qu’une seule réponse : des tours, des tours, des tours.

Le projet que la Ville entend imposer à marche forcée dans le 13e arrondissement, à Masséna-Bruneseau, est symptomatique. Les enjeux spécifiques du secteur (relation Paris-Ivry, rapport à la Seine, faisceau ferroviaire, boulevard Périphérique, liaison 13e-12e, etc.) n’ont pas été concertés. Aucun débat n’a traité de la nature des programmes à développer, ni des nécessaires équilibres à constituer pour concevoir des quartiers conviviaux. Or la Ville a demandé à l’architecte Yves Lion de « caser » 490 000 m2 de constructions au lieu des 285 000 m2 prévus initialement. Le lego et l’accumulation du béton tiennent lieu de stratégie urbaine. Le Comité de concertation de Paris rive gauche est réduit à une chambre d’enregistrement et la Ville a soigneusement évité d’organiser en amont du projet des réunions publiques articulées au processus de concertation.

Malgré l’opposition massive des habitants, attestée par plusieurs sondages, à une démarche d’aménagement simpliste qui fétichise une forme architecturale du XIXe siècle, les tours sont devenue l’alpha et l’oméga de la politique de la municipalité élue en mars 2008. Cette stratégie autoritaire masque la vacuité de la pensée municipale en matière de modernisation de la cité.

Toutes les études le montrent : les quartiers les plus denses ne sont pas les quartiers de tours ; les grands ensembles, par leur dimension et les charges financières qu’ils induisent, ne sont pas les mieux adaptés au développement du logement social ; l’architecture de tours ne favorise ni les liaisons urbaines et sociales de qualité, ni la convivialité et le développement durable des quartiers.

Place à l’inventivité et à la créativité !


La libération prochaine de terrains industriels à Masséna-Bruneseau constitue une chance pour les riverains de voir raccommoder des territoires malmenés par la concentration de lourdes infrastructures ferroviaires et autoroutières. Mais, pour réussir l’aménagement, il faut prendre le temps d’une concertation large et approfondie. Il faut faire preuve d’inventivité et de créativité pour penser la modernité urbaine et sociale à Paris en évitant de recourir sans réflexion aux vieilles recettes architecturales.
Il est inacceptable que le Conseil de Paris décide dès le printemps 2009 de faire sauter le plafond des hauteurs à Masséna-Bruneseau.

Pas d’aménagement sans les habitants !


L’intervention des habitants est essentielle pour obtenir un plan d’aménagement qui ne se focalise pas sur l’érection de tours déconnectées des défis de la ville durable. Elle est décisive pour que soient pris en compte nos besoins en termes de logements, d’activités, de commerces et d’équipements publics ; pour que les objectifs de convivialité, de liaison et de mixité urbaine et sociale soient bien au cœur de la stratégie d’urbanisation.

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13 février 2008
“Des tours à Paris :
le miroir aux alouettes !”


Des élus, des architectes, des promoteurs pressés d’ériger des immeubles de grande hauteur profitent de la campagne municipale pour faire croire avec des arguments simplistes qu’ils constitueraient la solution aux problèmes de logement et d’espace de la capitale. Ils escamotent ainsi la réflexion sur les conditions d’émergence de la ville moderne, qui passe moins par des tours que par la mixité sociale et la diversité des activités, la rupture avec la politique des ghettos, une conception de l’identité des quartiers qui ne relève pas du marquage social ou de la spécialisation des fonctions. Ils contournent les vrais enjeux : raccommoder les territoires et repenser l’urbanité.

Réunion publique
Mercredi 13 février 2008 à 19h30
Entrée libre
Université Paris 7 - Amphi 1A - Entrée sud de la « Halle aux farines »
Rue Marguerite Duras - Paris 13ème
Métro Bibliothèque François Mitterrand (ligne 14, RER C),
sortie Grands Moulins
Bus 62, 64, 89.

Avec :
Jean-Philippe Hugron, architecte, doctorant en urbanisme
UN BILAN DES TOURS PARISIENNES

Jean-Michel Roux, urbaniste
L’ILLUSION DE LA DENSITÉ

Éric Daniel-Lacombe, architecte, urbaniste, paysagiste
LES TOURS CONTRE LA MIXITÉ SOCIALE

Élisabeth Bourguinat, secrétaire de l’association Accomplir
URBANISER AUTREMENT : LA LEÇON DES HALLES

Fabrice Piault, président de l’association Tam-Tam
PENSER LA MODERNITÉ URBAINE AVEC LES HABITANTS

Débat animé par
Thierry Paquot, éditeur de la revue Urbanisme
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